Cyliana. (Par Liloune)

Je me souvenais juste de ce regard rouge, perfide, qui m'observais à la lueur douce et inquiétante de la lune..

Doucement j'ouvris les yeux. Je les refermaient instantanément à cause de la lumière. Ma tête.. Ou étais-je ? Je réfléchis un instant. Je ne me souvenais de rien. Seul un prénom tournait dans ma tête : Eymeric. Qui était-il ? Et moi, qui j'étais ? Ma tête bourdonnait. Je regardais autour de moi. J'étais dans une petite salle. Les toiles d'araignées tapissaient les murs de ma sombre prison. Assise sur un vieu matelas poussièreux; je soupirais. J'essayais de me lever et criais de douleur. Et m'évanouis.
Quand j'ouvris les yeux à nouveau, ma première pensée fut Eymeric. Ce prénom, mon seul souvenir, il m'obsedait. Je levais la tête et c'est là que je vis l'homme. Je frissonais, il eu un sourire cynique terrorisant. Ses yeux étaient rouge. Il avait des cheveux blonds. Je regardais derrière lui. Une porte était ouverte, et je gemis en me rendant compte que j'étais trop faible pour courir vers la sortie. Je voulais pleurer, mais aucune larme ne sortit. L'homme me regardais intensément. Je décidais de ne pas baisser les yeux. Son sourire s'accentua. Au fond de moi, j'étais complêtement terrorisée, mais je gardais un visage impassible. Cela semblait l'intriguer. Que voulait-il ? La question me brulait les lèvres, mais je n'osais pas. A quoi bon demander alors qu'il ne répondrait sans doute pas.
Je penchais la tête. Une douleur intense m'envahit, un immense gouffre s'ouvrit. Les flammes jaillirent..

" - Tuez les ! "
Que se passe t-il ? Où suis-je ? Je regarde autour de moi. Des gens courrent, hurlent. Les maisons sont enflammés.. Pourquoi ? Il y a des morts, tellement de morts. Tellement de sang.
Ils passent a côté de moi. Ils ne me voyent pas.. Je hurle et personne ne m'entends. Et ces hommes qui sont-ils ? Ces yeux.. Je m'approche.
" - Certains villageois se sont enfuis.
- Rattrapez les. Exterminez les jusqu'au dernier. "
Je leurs dis d'arrêter ! Ils rient.. J'essaye de frapper celui qui semble commander. Je vois ma main passer à travers lui, ébahie. Ma main.. Mes mains sont pleines de sang..
- Sauvez moi, pitié ! Sauvez moi !

- Te sauver de quoi ?

Je regardais l'homme qui venait de parler. Son sourire avait disparu, j'avais retrouvé ma prison. J'ignorais ce qu'il s'était passé. L'espace d'un instant j'avais quitté cet endroit. Complêtement perdue, je regardais mes mains. Aucune trace de sang. Visiblement, l'homme avec moi ne savait pas plus que moi ce qui m'arrivais. Le silence régnait. Je n'avais pas répondu. Il ne prit pas la peine de reposer sa question, ça ne l'interessait pas. Ce n'était pas plus mal comme ça.
Un autre homme fit soudain son entrée. Ses yeux étaient rouges aussi. Contrairement a l'autre homme, celui-ci avait les cheveux noirs et une carrure plus imposante. L'homme blond s'inclina devant lui. Il n'y fit même pas attention, se contentant de se diriger vers moi. Penché au dessus de moi, il sourit. Je le regardais ébahie. Il avança la main et je me raidis.

- Je veux juste voir si tu n'as rien de cassé. Ne bouges pas.

Je me laissais donc faire. Il effleurait ma cheville comme s'il savait que j'avais mal ici. Je ne pus retenir une grimace lorsqu'il appuya dessus. Il ne dit rien et fit signe a l'autre homme de sortir.

- Allonges toi, et reposes toi. Je reviendrai.

Je le regardais choquée. Mais je n'osais pas contester ce conseil, ou plutôt, cet ordre. J'étais trop fatiguée pour lutter. Obéissante, je m'allongeais sur mon matelas. Il sortit a son tour mais il revint dans la minute qui suivit et me tendis une couverture. J'avais froid et je le remerciais en murmurant. Il ressortit et ferma la porte derrière lui me laissant seule, avec une unique petite lampe pour toute lumière.
Attentive, j'entendis les deux homme parler. Ce fut l'homme qui m'avait examiné qui parla le premier, je reconnus immediatement sa voix.

-Tu ne devais lui faire aucun mal.

-Elle s'est defendu !

- Peu importe ! Tu avais dis que tu etais un professionel, je vois que l'on ne peut pas te faire confiance..

-"Mais .. Nooon !"

Ce fut ces dernières paroles. Un bruit sourd retentit, et le silence revint. J'attendis. Et l'homme brun entra à nouveau.

- De quoi te souviens-tu ?
Sa voix etait douce. Calme. Presque rassurante. Je fis tout mon possible pour repondre d'une voix clair mais je n'obtins pas le resultat espéré. Je balbutiais lamentablement.

- Je euh .. Je..e .. Pas grand chose ..

- Qui es-tu ?

- Mais .. Vo..vous ne le savez pas ?

Il resta silencieux un instant. Il hocha la tête, me souris, puis ressortit sans un mot me laissant a nouveau seule avec le souvenir de ma vision monstrueuse, celle d'une guerre contre quelque chose d'inhumain. Une guerre ou l'homme n'aurait aucune possibilité de survie.